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Tout et son contraire a été dit en matière d'impact sur la croissance, l'emploi, et le pouvoir d'achat.
Le travail dominical créerait-il de la croissance, ou pas ?
A rédiger
De très nombreux acteurs ont publié des chiffres sur le nombre d'emplois qui seraient détruits, ou crées, par le travail du dimanche. Selon l'UPA, il va détruire 275.000 emplois. Mais selon le MEDEF, il va créer de 90 à 300.000 emplois.
Nous sommes loin du “sapiens nihil affirmat quod non probet”, car aucune de ces affirmations publiques n'ont été appuyées par une démonstration ou un calcul, même succinct.
Le CAD a défié publiquement M. Gattaz de prouver que le travail du dimanche crée un seul emploi net1) 2), M. Cairou 3), M. Veron 4)et également M. Macron 5).
Aucune réponse n'a été apportée par aucun des intervenants apostrophés.
L'impact du travail dominical ne peut être séparé du contexte économique global dans lequel il est étudié.
En effet, dans un marché dont la croissance est tirée par une forte demande, l'amplitude des horaires d'ouvertures, ainsi que l'ouverture dominicale, peut avoir un effet réel sur la consommation, donc sur l'emploi, car ils peuvent constituer tous deux des facteurs limitants à la consommation.
Or ce n'est pas le cas du marché Français actuel, ou la consommation est atone : ici, le facteur limitant n'est évidemment pas l'amplitude horaire, mais l'évolution du pouvoir d'achat, retombé en 2013 à son niveau de 2002 6), et en tendance baissière depuis 2011 7)et l'optimisme des ménages, en tendance baissière depuis 2007 8).
Un certain nombre d'éditorialistes ou d'acteurs publics se réfèrent, pour démonter que le travail du dimanche crée de l'emploi, à une étude de Mikal Skuterud, publiée en 2005, mais exploitant les chiffres canadiens de 1985. Il va de soi que cette étude ne peut être prise en considération, se situant dans le contexte canadien de forte croissance de l'époque, qui n'a rien à voir avec le contexte français ou européen actuel.
Par des rémunérations améliorées, le travail dominical serait-il bon pour le pouvoir d'achat ?
A rédiger
Emmanuel Macron avait annoncé qu'il ferait évaluer les principales mesures du projet de loi “pour la croissance et l'activité” par des commissions d'experts indépendants. A ce titre, une commission a traité du travail du dimanche et rendu ses conclusions 9) mi-janvier 2015.
La crédibilité du travail de cette commission est impactée par deux points :
L'étude rapporte que “L’extension des horaires d’ouverture pourrait se traduire par une hausse de la demande globale de travail et donc in fine par des créations d’emplois ou une augmentation des heures travaillées.”
A l'appui de ce qui n'est qu'une demi-assertion (“pourrait se traduire”), elle produit :
Du au manque de temps, la commission n'a pu que compiler des études inappropriées. En effet, les trois premières études portent sur des périodes de croissance : il est évident qu'en contexte de croissance, la dérégulation du temps de travail a un effet sur l'emploi, en tant qu'elle est un facteur limitant possible. Mais présenter ces trois études relève plutôt d'un non-sens intellectuel.
La quatrième étude est plus intéressante, car elle ne relève pas de l'obsolescence des précédentes. Selon elle, il existe une “robust evidence of significant positive impact of Sunday trading deregulation on employment.” (cette étude n'est disponible apparemment qu'en Anglais). Mais l'analyse des chiffres que cette étude propose est sujette à caution : a ce jour, nous n'avons pas eu le temps de l'analyser correctement, et formulons toute réserve en attendant un avis autorisé.
La commission conclue à un effet “Non significatif, voire négatif (baisse des prix), mais ce résultat gagnerait à être confirmé par d’autres études”, ce qui n'est pas une présentation correcte de résultat (orienté).
A l'appui de cette assertion, elle produit :
Genakos et Danchev (reserve méthodologique) concluent à une absence d'effet, tandis que la seconde conclut à une réduction de la croissance des prix. La conclusion de la commission est abusive sur la base de ces deux études.
La commission aborde :
Mais elle n'a aucun avis sur :
L'étude de la commission reprend un certain nombre d'études connues, dont aucune n'est probante, à part l'étude Genakos et Danchev, mais dont la méthodologie est sujette à discussion.
Elle en tire des conclusions beaucoup plus rhétoriques que scientifiques, présentant des résultats très hypothétiques sous une formulation orientée.
Il n'est pas possible de déduire de cette étude que le travail du dimanche a un effet sur l'emploi, la croissance, ou le pouvoir d'achat. Par ailleurs, la commission n'aborde pas les points souvent controversés sur ce sujet : tourisme, Internet, volontariat des salariés, travail des femmes, petit commerce.